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L'image qu'on a souvent de Dostoïevski, c'est celle
d'un auteur difficile écrivant de gigantesques romans qui avoisinent le millier de pages (Crime
et Châtiment, Les Frères Karamazov, L'Idiot, etc...). Lire un Dostoïevski,
c'est y passer beaucoup de temps, qu'on pourrait passer à en lire beaucoup d'autres, excellents...et
plus courts (et Le Fauteuil en Velours Brun présente de nombreux exemples de tels romans). Le lecteur
disposant de peu de temps est souvent effrayé devant une telle entreprise. C'est donc d'un récit d'une
soixantaine de pages dont je m'en vais vous parler ici.
De plus, contrairement à sa réputation, Dostoïevski n'est pas un auteur difficile. Du moins, pas avec
André Markovicz qui entreprend pour la collection Babel une retraduction des oeuvres complètes du
célèbre écrivain russe. Pourquoi?
Parce que selon Markovicz, les traducteurs ont toujours amélioré le texte pour le ramener vers une
norme française et le faire accepter. Si cela était peut-être utile dans un premier temps, Markovicz
veut lui redonner sa véritable voix.
Et quelle voix! La Douce est un récit à lire à voix haute. Le narrateur n'écrit pas, il nous
parle. Il nous fait partager sa douleur, celle d'un homme dont la femme vient de se suicider. Ecoutez
le vous raconter comment tout cela est arrivé.
Dostoïevski a un art consommé de faire naître le sublime des faits divers les plus sordides.
Cela ne vous dispensera pas et même vous donnera envie de lire les autres (ceux qui font un millier
de pages) ou de les relire dans cette nouvelle traduction. |
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FD |
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