Treize petits
contes de Vincent Ravalec, voilà un plaisir que l'on aurait tort
de se refuser. Si vous avez déjà lu les oeuvres de Ravalec, et particulièrement
Cantique de la Racaille, vous savez quelle est la force de
son expression et la pertinence de ses textes, dont nous nous étions
déjà fait l'écho dans notre critique de Nostalgie
de la magie noire. Nous avions déjà parlé d'ailleurs dans
cette même critique de sa tendance à un certain mysticisme de l'écriture,
qui tout en étoffant de manière certaine la qualité littéraire
de ses textes en fait parfois perdre une partie de l'efficacité
sociale. Evidemment, ce n'est une déception que lorsqu'on essaie
à toute force de classer définitivement Ravalec dans le petit tiroir
des auteurs modernes à préoccupations sociales, ce qui est une erreur
indéniable. Reste bien sûr que si l'on ne peut qu'approuver
et admirer la force et la justesse sociale de ses textes, on peut
également être partagé quant à la portée de ses envolées mystiques,
simple question d'affinités littéraires.
Treize contes
étranges est tout entier empreint de cette dualité. Le premier "Un
personnage détestable" est une pure merveille que l'on espère pas
trop autobiographique, un jeu sur les thèmes classiques de l'humanité
de l'artiste, de la créativité et de l'inspiration. La deuxième
est une très délicate évocation des doucereux sentiments de l'enfance.
La troisième une sombre et prenante histoire d'espoir et d'impuissance
humaine dont certains passages vous laissent désarmé et vulnérable.
La quatrième une très sensuelle et dégoûtante histoire de sueur
et de rêve. Et puis les suivantes des histoires de faiblesse humaine,
de mal-être, de vols et d'espérance, toute cette part noire de notre
humanité qui est la condition d'existence d'une part meilleure en
laquelle on puisse croire. Toutes les nouvelles du recueil sont
pratiquement aussi bonnes, plus ou moins mystiques, certaines sont
un peu trop absconses à mon goût. Mais le cohérence ce du recueil
n'en est pas menacée, et d'ailleurs est-ce important ? Chaque petit
bijou de nouvelle se suffit en lui-même. A lire vite !
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